Il a changé deproduction Il a changé deproduction
Épuisé physiquement et moralement, Régis Desaize a retrouvéun sens à son travailen passant des vaches laitières aux chèvres.
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«En 2014, l’année de mes 40 ans, j’ai mis un genou à terre », raconte Régis Desaize. En 2001, il s’est installé en élevage laitier sur la ferme familiale, à Trémeheuc (Ille-et-Vilaine). Une nouvelle crise laitière s’annonçait après celle de 2009. « Se lever le matin, travailler à longueur de journée et de week-end sans être rémunéré correctement m’était devenu insupportable », se souvient-il.
À la fatigue mentale, s’est ajouté l’épuisement physique, avec des tendinites à répétition. Il boite, se fracture une côte. « Mon corps n’en pouvait plus ! Moi, qui étais un lève-tôt, je décalais de plus en plus l’heure de la traite. Je n’avais plus d’intérêt pour rien. »
Un déclic
Inquiète, Carine, son épouse, infirmière à l’hôpital, lui conseille d’arrêter, « comme le ferait n’importe quel salarié ». Un conseil qui permet à Régis de réfléchir à un autre avenir professionnel. Très bricoleur, il s’imagine déjà plombier ou plaquiste. Jusqu’au jour où, avec Carine, il visite un élevage de chèvres dans le cadre de portes ouvertes pour motiver de nouveaux producteurs. « Je n’avais jamais eu l’occasion de rentrer dans ce type de structure. Tout de suite, je me suis senti bien. J’ai su que c’est ce que je voulais faire. En chèvre, l’ambiance est plus sèche, car les bâtiments sont isolés. Avec les vaches, j’étais arrivé à un tel point de dégoût que je ne supportais plus ni l’humidité, ni les odeurs. »
Système simplifié
Tout s’enchaîne très vite en 2015. Première étape, le diagnostic de la conseillère caprine de la chambre d’agriculture. Celui-ci confirme que le bâtiment des époux Desaize a le potentiel pour être transformé. Et leur coopérative, Agrial-Eurial, est partante pour la collecte de lait de chèvre. Carine et Régis suivent une formation. La chèvre reste un animal très fragile et le métier ne s’improvise pas. Ils visitent près d’une quinzaine d’élevages, ce qui leur permet de nouer des contacts avec un réseau d’éleveurs.
Régis arrête de traire les vaches laitières en mars 2017. En changeant de production, ses objectifs sont clairs : réduire les heures de tracteur et de manipulations, et améliorer le confort physique. Il choisit un système simplifié. L’alimentation est sèche avec des bouchons déshydratés, pour « ne plus débâcher de silos de maïs ». Les bêtes restent en bâtiment.
Le parcellaire morcelé de l’exploitation était gourmand en main-d’œuvre pour emmener les vaches au champ, transporter l’eau. « Certes, le travail manuel est plus important en alimentation ou paillage avec les caprins, mais je n’ai plus besoin de tracteur. Et il est plus facile de se faire remplacer ou d’accueillir des stagiaires. » Régis parvient à réaliser le travail d’astreinte en une demi-journée contre la journée entière auparavant. Il produit plus de lait, surtout mieux rémunéré.
Carine s’est découvert une passion pour les chèvres. Elle travaille désormais à 20 % sur l’exploitation. « Prendre des décisions à deux, psychologiquement, ça change tout », se réjouit Régis.
Isabelle Lejas
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